Compoteur en bois avec des épluchures et déchets organiques en décomposition

Choisir son composteur dans une démarche zéro déchet

Comment bien choisir son composteur pour réduire ses déchets ?

J’ai commencé le projet de réduire mes déchets il y a environ 4 ans. J’ai cherché à appliquer du mieux possible les concepts du « zero waste » à ma vie quotidienne et je suis aujourd’hui assez fière des progrès accomplis. En prime, la recherche de nouvelles solutions pour aller plus loin est devenue une activité ludique et une expérience enrichissante. Malgré cela, une tâche ménagère hebdomadaire me chagrine encore : sortir ma poubelle verte, celle des déchets non recyclables, qui est composée, me concernant, d’une grande part de déchets biodégradables. Quand je la vois, je me rappelle que, chaque année, en France, un habitant produit 437 kg de déchets ménagers. J’ai donc pris une grande décision dans mon aventure zéro déchet : je vais me lancer dans le compostage ! Comme moi, vous voulez passer un cap dans votre révolution zero waste ? Comme moi, vous êtes un peu perdus, voire terrorisés, à l’idée de commencer votre compost ? Vous pensez qu’avoir un composteur signifie voir proliférer la moisissure et les moucherons ? Suivez-moi dans l’univers de la matière organique en décomposition ! Nous allons découvrir ensemble comment bien choisir son composteur dans une démarche zéro déchet.

Pourquoi composter est une action zéro déchet ?

Qu’est-ce que la démarche zéro déchet ?

La démarche zéro déchet a pour objectif la réduction progressive de ses déchets pour lutter contre la pollution et tendre vers un mode de vie plus écologique. Il s’agit de réduire ses ordures ménagères, mais aussi les biens de consommation courante, les objets à usages uniques, etc. 

La méthode se fonde sur 5 piliers, les « 5R », qui vont, à terme, permettre d’aller vers l’absence de déchet, puisque le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. 

  • Refuser : avant d’acquérir un bien, ou d’accepter un objet à usage unique, se questionner sur ses besoins et ses envies permet de réaliser que nous pouvons parfois refuser cet objet.
  • Réduire : certains biens sont indispensables à l’exercice de notre métier ou de nos loisirs (comme mon ordinateur qui me permet d’écrire cet article, mais aussi de dévorer les séries du moment). Cependant, nous n’avons pas forcément besoin d’en avoir une multitude, ou d’en changer tous les ans.
  • Réutiliser : lorsqu’un produit est en fin de vie ou que nous n’en avons plus l’utilité, nous ne sommes pas obligés de le jeter. Il est possible de le réparer, le vendre ou le troquer. On peut aussi racheter un produit d’occasion. J’ai acquis il y a deux ans, une yaourtière d’occasion via un site d’annonce très connu. Elle tourne à plein régime depuis, et contribue en plus à la réduction de mes déchets ménagers !
  • Recycler : en France, les ordures non recyclables, la fameuse « poubelle verte » (ou marron selon les communes), sont soit enfouies, soit incinérées, puisque ce sont les deux seules méthodes de traitement des déchets. En pratique, le recyclage engendre des pertes de matières et du transport. Toutes les matières ne se recyclent pas à 100 %, mais recycler vaut mieux que de laisser des composés chimiques, toxiques ou non biodégradables être enfouis ou brûlés.
  • Retourner à la terre : c’est-à-dire composter. Nous y voilà ! Pourquoi se débarrasser de ses déchets biodégradables dans cette fameuse poubelle d’ordures ménagères ? Alors que le miracle de la vie pourrait utiliser cette matière organique de façon beaucoup plus rentable.

Quels sont les avantages du compostage ?

Dans une forêt, lorsque les feuilles mortes tombent aux pieds des arbres, elles sont broyées et digérées par les organismes présents dans la terre. Il se crée alors un nouveau cycle, qui réalimente les différents composants du sol dont les arbres vont se nourrir. 

Le compostage s’inspire de ce mécanisme. C’est un procédé naturel et facile à mettre en œuvre, pour recycler ses déchets biodégradables ou « verts ». La matière organique est broyée et digérée progressivement par des organismes vivants (insectes, vers de terre, bactéries) engendrant la création d’un compost, riche en nutriments et en minéraux naturels. Plus les déchets que l’on met à composter sont diversifiés, plus la qualité du compost est bonne. Il servira alors d’engrais pour alimenter son jardin et ses plantes (ou ceux des autres).

Que peut-on mettre au compost ? Quasiment toutes les matières d’origine végétale que l’on trouve dans sa cuisine ou son jardin. Il s’agit :

  • des épluchures ;
  • des légumes et fruits pourris ;
  • du marc de café et des sachets de thé (sans les étiquettes) ;
  • des coquilles d’œufs ;
  • des cendres de bois ;
  • d’une grande partie des restes du jardin, comme le gazon, les feuilles mortes ou les plantes coupées. 

Certaines plantes ont des propriétés équilibrantes dans la composition du compost. Il s’agit, par exemple, de l’ortie, la fougère, le sureau, la camomille ou encore le pissenlit. On peut même ajouter, en petites quantités, de l’essuie-tout et des serviettes en papier (dans ce cas, choisir du papier non blanchi et sans encre). Par contre, il ne faut pas mettre au compost les matières d’origine animale (fromage, viande, ect.).

Faire son compost permet donc, à la fois, d’adopter facilement une démarche zéro déchet, mais aussi de fabriquer soi-même un engrais naturel, écologique, et à un prix défiant toute concurrence.

Comment bien choisir son composteur ?

Analyser sa situation personnelle et son environnement

Le choix de votre composteur va dépendre de votre situation personnelle, ainsi que des dispositifs existants dans votre environnement. Vous devez donc d’abord faire un état des lieux complet.

  • Vivez-vous en appartement ou en maison ?
  • Disposez-vous d’un balcon, d’une terrasse ou d’un grand jardin ? 
  • Avez-vous des besoins personnels en engrais ? 
  • Consommez-vous beaucoup de produits susceptibles de finir dans le composteur ? 
  • Y a-t-il des initiatives de votre mairie pour développer le compostage par les particuliers ?
  • Y a-t-il des personnes ou structures dans votre entourage qui pourraient avoir besoin de compost ?

Si vous vivez en ville, vous pouvez vous renseigner sur les dispositions prises par votre mairie. Certaines communes ont mis en place des plans de développement du compostage collectif. Elles mettent à disposition gratuitement des bacs individuels et des bacs collectifs, qui sont ensuite ramassés par les services de la ville. Le compost collecté est utilisé pour le jardinage des espaces communaux. La collectivité de Troyes Champagne Métropole propose sur son site un guide complet sur le compostage et offre des composteurs individuels à un prix intéressant.

À noter : actuellement, le seul composteur public dans l’agglomération de Troyes se situe à la maison des Maraîchers, dans le Parc des Moulins.

À la campagne aussi les solutions existent pour donner son compost. Outre les collectivités, de nombreux professionnels peuvent être preneurs des composts réalisés par les particuliers (les horticulteurs ou les agriculteurs de votre région par exemple).

Dans mon cas personnel, je cuisine beaucoup et je suis végétarienne : je produis donc un grand volume de déchets verts issus de ma cuisine. Je vis en appartement, sans balcon. Malgré ma situation très urbaine, j’adore jardiner à ma petite échelle : j’ai de nombreuses jardinières et plantes vertes. Enfin, un jardin partagé proche de chez moi (moins de 1 km) dispose de composteurs extérieurs, accessibles à tous, pour y déverser son compost personnel. J’ai choisi mon composteur en fonction de tous ces paramètres. 

Choisir un composteur adapté à sa situation

Selon le type de composteur choisi, vous pourrez l’acheter ou le fabriquer. La fabrication est une solution qui correspond d’autant plus à une démarche zéro déchet, mais elle n’est pas aisée pour toutes les méthodes.

Les solutions qui existent aujourd’hui sont :

  • le compostage en tas ;
  • le composteur en bac ;
  • le composteur rotatif ;
  • le lombricomposteur ;
  • le composteur Bokashi de cuisine.

Composter en tas est une des solutions les plus classiques pour composter simplement dans son jardin. Elle est particulièrement adaptée pour produire en grande quantité, lorsque l’on a beaucoup de déchets et un jardin suffisamment grand. Cela consiste à disposer ses déchets en tas, à même la terre, puis de superposer régulièrement des couches d’épluchures. À chaque nouvelle couche, vous devez aérer le tas en retournant les couches entre elles (ou en utilisant un aérateur de compost) et l’arroser. L’apport d’oxygène est essentiel pour éviter la production de méthane, un gaz à effet de serre extrêmement réchauffant.

L’inconvénient de cette méthode est qu’elle n’est pas très élégante : mieux vaut choisir un emplacement à l’abri des regards, dans un endroit ni trop à l’ombre ni trop au soleil. S’il pleut souvent, il faudra recouvrir le tas d’une bâche. Vous pouvez également réaliser un treillis métallique en disposant un grillage tout autour du tas de compost. Cela va accélérer la décomposition et protègera votre compost des animaux.

Le composteur en bac existe en plastique ou en bois. Il s’agit d’un bac, percé ou à silo, à placer dans son jardin. Un bac sans fond se rapproche du compostage en tas et permettra aux vers d’accéder aux déchets. Le bac présente l’avantage d’être plus esthétique, de réduire l’encombrement et de maintenir une chaleur qui accélère le processus de décomposition. Vous pouvez acheter un bac (au foyer Aubois par exemple) ou bien le réaliser vous-même facilement et à moindres frais avec des planches en bois, à l’aide de nombreux tutos disponibles sur internet.

Toutefois, le volume de compost produit est moins conséquent et une aération ainsi qu’un arrosage plus fréquents sont nécessaires.

Le composteur rotatif est une sorte de tambour sur pied, dans lequel on dispose ses déchets et que l’on fait tourner grâce à une manivelle. Ce système reprend le principe du compostage en bac, mais la rotation permet de mélanger plus facilement les déchets et accélère la décomposition de la matière.

Cependant, il représente un encombrement plus important pour un volume de compost produit plus faible que le composteur en bac, avec, en prime, un coût d’achat plus élevé.

Le lombricomposteur est un petit bac, composé de plateaux superposés munis de trous, dans lequel on dispose une culture de vers vivants. Ils vont se nourrir des déchets organiques, et ainsi circuler, proliférer et enclencher le processus de décomposition. Pour l’entretien, il suffit de s’assurer de leur bonne alimentation et oxygénation. Il prend peu de place et s’adapte très bien à un balcon ou une terrasse. Les vers produiront du compost et un engrais liquide que vous pourrez utiliser facilement pour nourrir vos plantes. Le compost restant pourra être utilisé au jardin ou déversé dans un composteur extérieur.

Certains lombricomposteurs sont même supposés adaptés aux appartements, mais ils présentent l’inconvénient d’attirer les moucherons. Un autre risque est que les vers fuient le bac si un déchet « toxique » est accidentellement mis au compost.

Enfin, le composteur de cuisine « Bokashi » est un petit composteur totalement hermétique dans lequel la décomposition est assurée par un agent activateur. Il est composé de son de blé, de mélasse et de microorganismes (bactéries, levures, champignons) et permet d’enclencher le processus de décomposition, tout en empêchant la pourriture. Comme le lombricomposteur, le composteur Bokashi produira un engrais liquide, à utiliser pour nourrir vos plantes. Les déchets restants seront à utiliser au jardin ou à déverser dans un compost extérieur.

L’inconvénient de ce composteur est qu’il est très petit et ne permet pas de générer un grand volume d’engrais ni de traiter un grand volume de déchets, dont la décomposition est plus lente. 

De mon côté, c’est ce composteur qui répondait le mieux à mes contraintes et m’a permis d’enclencher cette dernière étape de ma démarche zéro déchet. Après plusieurs mois d’utilisation, j’en suis extrêmement satisfaite : même si je l’ai vite rempli, ma poubelle verte n’a jamais été aussi longue à remplir et mes plantes n’ont jamais été aussi resplendissantes !

Désormais, je ne peux que vous encourager à vous lancer dans cette étape de retour à la terre, selon vos possibilités et vos envies.

Alors, quel composteur choisirez-vous ?

1 Comment
  • José Relland
    Posted at 11:12h, 15 mars Répondre

    Merci de cette excellente synthèse qui couvre bien l’ensemble des possibilités du compostage.
    À février 2023, Troyes Champagne Métropole (TCM) a déployé 20 composteurs « collectifs ». La plupart en « pied d’immeuble », c’est-à-dire en relation avec le gestionnaire de l’habitat collectif concerné. Le vingtième, un composteur de « quartier », a été installé en février 2023 à l’Entrée des Viennes, à proximité du siège de TCM.
    Et 1 204 bacs de compostage individuels ont été vendus (à 50 % du montant) par TCM pour ses administrés. Source : PLPDMA – 2022, p. 42).
    Si vous aussi, vous souhaitez « Rendre à la terre » vos biodéchets de cuisine, individuellement ou collectivement, nous vous invitons à contacter : votre collectivité, et/ou, le gestionnaire de votre habitat collectif, et/ou, Zéro Déchet Troyes.
    Bon compostage,

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